De Acapulco à Huatulco

C’est dans la grande région de Toluca, une fois avant l’arrivée de mes parents, une autre fois avec eux et deux autres fois juste après leur départ, que nous faisons connaissance avec la fameuse police mexicaine (les corps policiers du DF et de l’état de Mexico sont justement reconnus comme étant particulièrement coriaces). Nous sommes interceptés à quatre reprises en quelques jours, dont deux fois la même journée, pour des motifs peu convaincants et changeant selon le déroulement de la conversation. Mathieu réagit avec calme et innocence, en démontrant avec brio qu’il ne comprend pas vraiment l’espagnol. Ce stratagème fonctionne très bien car à chaque fois nous réussissons à quitter la mise en scène en quelques minutes et sans débourser un sous. A part la première arrestation qui nous surprend un peu plus, ces incidents sont vites classés dans la catégorie “anecdotes”, puisqu’ils se terminent bien et que les policiers rencontrés étaient tous relativement sympathiques malgré leurs intentions initiales douteuses.

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Après un mois à parcourir les villes intérieures, nous reprenons avec joie la route vers le Pacifique. Au départ de l’aéroport de Toluca où nous avons déposé mes parents, nous nous dirigeons vers Taxco et y passons une nuit.

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Taxco

Taxco est une des villes minières les plus connues du Mexique, même si ses mines d’argent sont maintenant vidées, car elle continue d’attirer les visiteurs avec ses nombreuses boutiques et ateliers présentant des bijoux et accessoires d’argent. Même si nous ne mettons le nez dans aucune boutique, nous trouvons Taxco très attrayante. La ville est construite sur la montagne et ses rues étroites sont de véritables montagnes russes, où seuls des taxis VW Beetle circulent, ou presque. Les gens déambulent dans ces rues sans trottoirs tout naturellement, alors qu’il s’agit pour nous d’une aventure, car nous craignons de nous faire coincer le corps contre le mur lorsque nous tournons les coins sans savoir si une voiture arrive à contre-sens.

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La ville a une âme particulière et nous pouvons certainement ressentir quelques bribes de son histoire qui date d’avant la conquête, en errant sur ses belles rues pavées ornées de motifs variés. 

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Sur la rue principale, la mascotte d’une pharmacie danse au son de la musique. Christophe, du côté opposé, en profite pour lui proposer un petit duel de danse, qu’elle accepte avec plaisir.

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Dans une petit resto de Taxco, nous découvrons le Yoli, une boisson gazeuses à saveur de lime qui est fabriquée dans la région. Moi qui ne suis habituellement pas une amateure de boisson gazeuse,  je me surprends à capoter sur ce refresco.  Le Yoli est excellent: ni trop sucré, ni trop pétillant. Vraiment très bon. J’en bois donc aussi longtemps et souvent que nous en trouvons dans les dépanneurs du coin, au grand plaisir des enfants, qui eux, ne se font jamais prier pour consommer des boissons pétillantes sucrées.

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Pie de la Cuesta et Acapulco

Nous avions tous hâte de retrouver la mer, le vent de la côté et le rythme langoureux des destinations côtières. Nous avions également le goût de nous rendre à Acapulco, cette destination qui en a fait rêver plus d’un avant nous. Nous nous installons donc dans un superbe camping isolé, situé à Pie de la Cuesta, à 15 km au nord d’Acapulco. L’endroit appartient à une famille mexicaine, dont l’une des filles, Pilar, fin trentaine, gère l’endroit et habite sur place en compagnie de Clément, un retraité québécois de Sorel, qu’elle a rencontré ici il y a quelques années alors qu’il visitait son camping. Nous discutons avec ce duo hors de l’ordinaire qui expérimente à la fois les contrastes liés à l’écart des âges et de la culture, des différences entre la vie nord-américaine et celle d’ici. Pilar nous fait part du choc et des déchirements qu’elle a éprouvés en revenant au Mexique après avoir passé du temps au Québec. Selon elle, malgré le constat des problèmes évidents de son pays lors de son retour, les couleurs, les coutumes, le rythme et les rites propres à sa culture n’ont néanmoins pas de prix.

Nous faisons également connaissance avec Gérard et Diane, un couple de la région de Québec, ayant flairé la belle affaire ici à Pie de la Cuesta il y a quelques années déjà et qui y passe l’hiver dans leur motorisé. Ce couple, ayant deux filles adultes vivant à l’étranger, est jovial et sympathique. Nous partageons quelques conversations autour de la piscine pendant que les enfants nous éclaboussent avec leur mille sauts. Nous échangeons quelques trucs concernant notre apprentissage de l’espagnol et Gérard nous raconte avec enthousiasme quelques tranches de sa vie alors qu’il travaillait pour l’armée à l’extérieur du pays.

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Les lieux, entretenus par une jeune famille mexicaine habitant sur le camping, sont immaculés. La piscine, avec vue sur la mer (impraticable en raison de forts courants) est géniale. Des palmiers nous offrent l’ombre nécessaire pour végéter en toute quiétude. Sur la propriété, plusieurs compagnons canins vivent une belle vie de chiens en toute liberté dans ce décor relaxant. Nous profitons de la quiétude et de la tranquillité de l’endroit et nous repoussons toujours à plus tard notre visite pourtant tant attendue d’Acapulco. Il faut dire que le temps est vraiment très chaud et que nous avons besoin d’un peu de temps pour nous acclimater à ces températures oscillant autour de 35 degrés le jour et de 25 la nuit. Nous transpirons énormément.

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Finalement, nous nous extirpons avec peine de notre langueur, à la fin d’un après-midi, afin d’aller mettre symboliquement les pieds à Acapulco. Nous montons à bord d’un petit colectivo et ensuite d’un taxi qui nous dépose près du Zócalo, que nous trouvons sans intérêt. Nous marchons ensuite jusqu’à l’hôtel Los Flamingos, populaire dans les années 30, perché sur le plus haut rocher de la baie et offrant une vue superbe du coucher de soleil.

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En soirée, nous assistons au spectacle renommé des plongeurs (clavadistas) de La Quebrada, qui se lancent d’une hauteur de 35 mètres dans un canal rocailleux depuis les années 1920. Le spectacle débute par l’ascension des plongeurs, qui sont tous très jeunes, sur la paroi du rocher. Ils effectuent ensuite une prière à la vierge et sautent, tour à tour, parfois en duo, de deux hauteurs différentes. Le tout dure environ trente minutes et est spectaculaire. Notre retour en taxi est également divertissant, puisque notre chauffeur adore rire et blaguer. Nous ne comprenons pas toujours le sens de ses interventions, mais il est très facile de partager son rire communicatif. La journée se termine très bien pour nous mais devient moins drôle pour lui, alors que son taxi se vide complètement d’essence juste au moment où nous atteignons les portes de notre camping. Il doit faire une réparation sur place, à la noirceur. Nous l’aidons à trouver un peu d’essence afin qu’il puisse repartir.

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Nous aurions définitivement aimé prolonger notre séjour à Pie de la Cuesta, mais le temps passe vite à ne rien faire et nous avons rendez-vous avec Claude, le père de Mathieu, dans moins de 10 jours un peu plus au sud.

Puerto Escondido

Puerto Escondido, notre pause suivante, qui signifie port caché, a été établi en 1928 pour la distribution du café poussant sur les flancs de la Sierra Madre del Sur. Avec l’arrivée de la route en 1960, les premiers touristes, qui étaient des surfeurs, ont fait leur apparition pour aller glisser sur les vagues de Playa Zicatela. Encore aujourd’hui les surfeurs sont légion à Puerto Escondido mais les touristes réguliers font aussi partie du paysage. Bien que touristique, commercial et animé, nous aimons beaucoup l’ambiance de Puerto Escondido. Peut-être sommes-nous influencés par l’enthousiasme de Christophe qui se sent tout de suite très à l’aise dans cette ambiance de vacances faite pour les surfeurs-skateurs dans l’âme…Nous trouvons une plage où la baignade est possible et y passons beaucoup trop de temps. Notre premier coup de soleil est bien mérité et le plaisir retiré de cette longue trempette aide largement à tolérer l’inconfort qui s’en suit.

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Mazunte

Ce minuscule village, qui était auparavant un abattoir de tortues de mer, a été reconverti en village écolo abritant un centre de conservation pour la tortue marine et une coopérative de produits cosmétiques naturels. A Mazunte, il n’y a que quelques rues, perpendiculaires à la mer qui rejoignent la rue principale.  Un tour de reconnaissance est vite fait et après une journée, voire quelques heures, nous croisons la population entière ou presque. Le beau spot à coucher de soleil n’est donc pas un secret pour personne non plus!

Ce petit village simple et propret avec une hippie-vibe “nouvelle génération” qui nous fait sourire, nous plaît beaucoup. En fait, nous avons un coup de coeur pour Mazunte.

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Zipolite

Reconnue pour son atmosphère libérale depuis la venue des hippies dans les années 1970 et ses forts courants marins, la vie à Zipolite se passe sur la plage. Nous avions beaucoup entendu parler de Zipolite par d’autres voyageurs comme étant LA place à visiter sur la côte Pacifique. Peut-être en raison de notre coup de cœur pour le village voisin ou parce que cela arrive souvent lorsqu’un endroit a une réputation surfaite, nous apprécions l’endroit mais n’éprouvons pas l’enthousiasme exubérant ressenti par d’autres. Nous profitons de la large plage pour marcher, nous baigner et admirer les corps parfaitement bronzés des hommes qui y déambulent nus. Les enfants (et moi aussi), sont très heureux de cette leçon d’anatomie improvisée.

Les vagues sont énormes à Zipolite. Plusieurs noyades surviennent à chaque année. Nous nous aventurons sur quelques mètres seulement et les courants croisés se chargent de nous secouer amplement. La baignade nous fait du bien. Dans le campeur, la température monte jusqu’à 42 degrés. Le climatiseur, disponible lorsque nous avons de l’électricité, réussit à faire descendre de quelques degrés la température de notre petit four.

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Nous faisons des rencontres intéressantes à Zipolite. Tout d’abord Danni et Cesar, un jeune couple d’américains, habitant et travaillant dans la capitale nationale. L’un au Pentagone pour la défense nationale et l’autre pour le Congrès américain. Ils ont décidé de tout vendre et de partir à la découverte de nouveaux pays, avec le désir de voir naitre un ou des enfants en terre étrangère. Ils suivent un parcours semblable au nôtre, alors il est possible que nos chemins se croisent de nouveau. http://capitolsouthbound.com/

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Le lendemain, nous passons une soirée avec Jeff et Cate, d’Oregon. Le couple habite et voyage dans une minivan avec toutes leurs possessions, c’est-à-dire, peu de biens matériels. Ce sont des artistes itinérants qui passent la moitié de l’année au Mexique et qui retournent aux États-Unis le reste du temps. Jeff est peintre et s’inspire des paysages mexicains pour réaliser des toiles qu’il vend par la suite à ses clients américains. Jeff et Cate sont également chanteurs et musiciens. Au cours de notre rencontre, ils nous font découvrir un tout nouvel univers en nous partageant leur style de vie et leurs passions, qu’ils vivent intensément.

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Le lendemain, nous nous arrêtons brièvement à Estacahuite, afin d’admirer par nous même les paysages que peint actuellement Jeff.

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C’est également à Zipolite que nous connaissons pour la première fois la jouissance offerte par une vraie douche en plein air. Indescriptible. Il faut le vivre pour l’apprécier! Mathieu emprunte la machette de Danni et s’amuse comme un enfant à décortiquer plusieurs noix de coco, qui se retrouvent en abondance sur notre campement.

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En passant, plusieurs lecteurs désirent savoir comment se porte Mathieu. Comme il est facile de s’en douter, il va très bien. Son travail ne lui manque pas et il est encore loin de penser au retour. Sa peau prend une belle couleur bronzée, une première depuis que je le connais. Auparavant, seul le rouge avait réussi à colorer sa peau. Depuis son séjour à Mazunte et Zipolite, il porte le bandeau. Avec ce dernier, il se sent encore plus détendu et son look “barbe et cheveux longs” n’est pas très loin de celui des jeunes “pouilleux” rencontrés sur les plages de Zipolite et Mazunte. Inspiré à son tour par toutes les offres à saveur holistique que nous avons croisés depuis quelques temps, il songe à proposer des forfaits tantriques pour couples avertis.

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Huatulco

C’est à Huatulco que nous avons rendez-vous avec grand-papa Claude, le père de Mathieu. Huatulco est avant tout le nom d’un complexe environnemental et touristique conçu par le gouvernement mexicain, au même titre que Cancun ou Ixtapa. Ce centre de villégiature, dont la côte s’étend sur plus de 30 km, comprend 9 baies, plus de 36 plages et est entouré de 34 000 hectares de forêt. Son développement a débuté dans les années 1980, mais sa localisation éloignée a ralenti son développement: 30 ans plus tard, seulement 20% du tourisme vient de l’extérieur du Mexique.

Nous cueillons Claude à l’aéroport et nous dirigeons à notre hôtel situé à Santa Cruz de Huatulco, juste à côté de la marina. Santa Cruz est un ancien village Zapotèque, dont le port était l’un des plus importants du Mexique au 16e siècle, avant d’être laissé à l’abandon. Aujourd’hui, Santa Cruz a été remodelé pour satisfaire les besoins des visiteurs. La plupart des excursions de bateau partent de ce port, qui accueille même les paquebots. 

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Nous profitons amplement des belles piscines de l’hôtel et les enfants ne se font pas prier pour s’amuser et montrer leurs prouesses à leur grand-papa.

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A deux kilomètres de Santa Cruz, c’est le village de La Crucecita, destiné à être le centre fonctionnel de Huatulco, mais qui présente tout de même une ambiance agréable. Nous explorons quelques rues, mangeons dans un petite cuisine économique, faisons découvrir les bonnes crèmes glacées à Claude, qui ne refuse jamais les tentations culinaires. Il se laisse même tenter par un bon jus frais aux propriétés curatives!

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Le soir, nous nous régalons encore, tout près de la plage, au restaurant de notre ami Calderon.

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Le moment fort de notre séjour ensemble: une excursion en lancha pour aller explorer quelques belles plages difficilement accessibles par la route. Une vraie belle journée de vacanciers “dans le sud”: plongée en apnée, boissons rafraichissantes à volonté et baignade dans des eaux cristallines.

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Les enfants se font même faire des tresses. Ils sont beaux comme des cœurs.

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La grosse vie sale!

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Pour notre dernière journée à 5, nous retournons vers Puerto Angel et nous visitons ce petit village de pêcheurs endormi. Il fait encore très chaud, notre démarche est lente et pénible dans ces rues qui présentent plusieurs défis aux marcheurs nonchalants. Claude déniche un hôtel et nous profitons de la piscine avant de nous séparer. Claude poursuit son voyage vers Puerto Escondido, alors que nous montons vers Oaxaca. Une rencontre brève, mais faste et divertissante. Merci Claude pour ces souvenirs que nous créons ensemble.

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2 commentaires pour De Acapulco à Huatulco

  1. Den dit :

    Chère Pascale,
    Tes récits sont toujours aussi passionnants. Nous avons continuellement hâte de connaître la suite…..
    J’aime beaucoup la photo de vous deux à Zipolite: vous semblez complices et très relax…
    Que dire de Christophe et Philippe, coiffés de tresses: ils sont taquins et à croquer…..
    Les pastèques dégustées par Phil mettent l’eau à la bouche.
    bisous xxxx

  2. Les photos avec pleins de maisons cordées à flanc de montagne toujours impressionnants et beau à voir
    Lâchez pas de vous amuser
    vous avez l’air en pleine santé
    toujours un plaisir de lire les blogues
    même si je sais que tu écris à peu près au semaine je clique pareils à tout les jours
    le Mexique est fertile en visite c’est le fun ça

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